Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Cancre Las
Pages
Publicité
Derniers commentaires
Le Cancre Las
Archives
Le Cancre Las
Newsletter
3 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 5 518
Catégories
25 août 2014

Roman - Les Noirs Corbeaux de Baal - Frig - Chapitre 03

Chapitre 03

Année des gargouilles ,17me lune,jour 4

Fond de la mine ,zone 7

La poussière était dense et omniprésente.
Mais ,bien pire encore,elle charriait avec elle une sorte d'odeur putride qui envahissait les poumons et irritait les narines.
Les premières  d'hésitations engendrées par l'effondrement d'une partie de la galerie commençaient à se dissiper.
Petit à petit les gardiens reprenaient leurs réflexes.
On fit se replier les esclaves vers une zone plus respirable.
Puis on effectua un rapide comptage des présents,rendu difficile ,vu la panique qui s'était malgré tout insinuée dans tous les esprits.
A première vue, l’éboulement ne semblait pas avoir créé trop de victimes,voire aucune.
Un contremaître humain du nom de Zultor fit se regrouper les différentes chiourmes et ordonna  que chaque équipe complète soit remise provisoirement dans sa cellule.
Les fouets claquaient de toutes parts et les cris et grognements produisaient un vacarme étourdissant.
L'agitation était à son comble,mais malgré tout,la situation commençait à s'éclaircir au rythme des groupes qui quittaient la pièce.
Zultor ordonna ensuite que l'on ramenât des barriques d'eau ainsi que des chiffons.
Voilà qui devrait aider à respirer  dans la zone effondrée et de procéder aux premières inspections.

Les instants d'attente parurent durer une éternité.
Pendant ce temps,les opérations de comptage des nains battaient leur plein,et brouhaha dans la pièce commençait à faiblir.
Était-ce la diminution de l'intensité sonore ambiante qui amenât cette évidence à son esprit?
Il n'aurait pu le dire ,mais soudain,une constatation s'imposa...
Raagh...
Il allait falloir prévenir le maître...
Et ses colères sont terribles.

L'eau et les chiffons étaient enfin là.
Zultor réunit rapidement ses adjoints directs et leur fit part de l'évidence de la situation et des conséquences possibles.
Un frisson d'effroi semblait parcourir l'assemblée.
Tous se regardaient avec des yeux désespérés et aucun cerveau ne semblait à même de trouver une réponse à cette bête question :qui ?
Qui allait porter la mauvaise nouvelle au maître ?

Il fut décidé de ne rien décider avant d'avoir procédé à une rapide inspection des lieux sinistrés et de savoir à combien s'élevait le nombre de victimes.

Une petite troupe de trois sbires,Zultor à leur tête,s'avançait maintenant,la peur au ventre.
La voûte allait -elle tenir ?
Y avait-il encore du danger ?
Qu'allaient-ils découvrir  ?
Autant de questions qui tarabiscotaient leurs esprits et qui ne trouveraient de réponses qu'en avançant.

Quelque chose d'inhabituel en ces lieux attira l'attention de Zultor.
On aurait dit comme une faible brise.
Oui,il ne se trompait pas,une sorte de léger courant d'air commençait à se faire sentir et à dissiper les masses poussiéreuses ambiantes.

Le petit groupe se mouvait péniblement parmi les gravas.Mais les difficultés de la progression semblaient s’amenuiser.
Et puis au fond il semblait...
Mais oui,il ne rêvait pas,c'était la lumière du jour.

Le trio se fut tout surpris de se trouver comme par magie devant un orifice béant par lequel jaillissait la lumière vive du jour.
Mais aussi,et cela était mieux ,par lequel s'infiltrait de l'air pur et s'exfiltraient  de grosses bouffées de nuages de poussière.

Zultor inspectât le nouvel horizon qui s'offrait à ses yeux.

La falaise au dessus;une autre en face.
Un précipice avec dans le fond du canyon une rivière qui serpentait et dont on entendait le grondement lointain.

Sur le côté droit,le fond de la galerie continuait, lui, à être dans une obscurité totale.
Obscurité rendue encore plus sinistre par la  présence dans cet endroit de masses de scories aériennes qui semblaient ne pas vouloir se dissiper.

Bien que l'odeur fut toujours aussi désagréable,l'air ne semblait pas chargé d'un quelconque gaz qui aurait pu s'enflammer ou provoquer une déflagration.
On allait pouvoir rebrousser chemin et revenir avec des torches.

Une mauvaise nouvelle les attendait à leur retour.
Il manquait deux nains à l'appel.

Étaient-ils morts dans l'effondrement,ou ,même si c'était difficilement imaginable,s'étaient-ils enfuis par cette ouverture?
Aucun des trois explorateurs n'avait vu de cadavre ,mais des corps sans vie  pouvaient très bien se trouver sous les gravas.
De toutes façons,il faudrait un temps certain pour connaître la réponse à cette question.

Maintenant il fallait aborder le problème le plus épineux :Raagh.

Perdu dans ses pensées,le regard de Zultor se posât distraitement sur la face verdâtre et tordue de Groump.

Et la réponse s’imposât d'elle même.

Groump.

Ce n'était pas vraiment son nom.Lui même ne s'en connaissait pas.
Ce n'était qu'un sobriquet qui s'était imposé tout naturellement.
A chaque fois qu'on lui adressait la parole ,sa réponse débutait invariablement par une sorte de borborygme ou de râle qui semblait produire ce son.
La réputation de sa laideur et de la difformité de son fasciés était à peine égalée par celle de sa brutalité sadique.
Mais l'expression de ses yeux qui semblaient en permanence injectés de sournoiserie malsaine
n'était en fait que celle d'un abruti qui mettait un temps fou à essayer de comprendre les choses.
La taille de son cerveau ne devait assurément pas excéder celle d'un petit pois....ratatiné de surcroît.
Le parfait cueilleur de fraises en hiver.

Et ,le sourire naissant aux lèvres,Zultor s'entendit dire :
"Approche Groump "

La masse naïve s’avançât et tendit l'oreille.
Et Zultor lui donna ses instructions....

Comme une traînée de poudre,la nouvelle fit le tour de la mine.
De bouche d'orc à oreille d'humain,et de chuchotement de nain à nain.

Et se fut comme si toute la mine retenait son souffle jusqu'au moment où éclaterait la colère du maître,
et ce sera ce gros balourd de Groump qui en fera les frais.

Les occasions de rigoler son rares après tout,et celle -là,en en rira sûrement encore un bon bout de temps.


Appartements de Raagh

Raagh s'ennuyait.
Ses journées étaient devenues monotones.
Les affaires marchaient bien.Son organisation était solide et bien rodée.
La discrétion qui avait entouré ses préparatifs minutieux avait porté ses fruits et son petit empire carcéral avait fini par n'être qu'une anecdote dans ce monde chaotique.
Partout on s’entre-tuait et on s'égorgeait pour un rien.

Les différents seigneurs locaux étaient trop affairés à guerroyer entre eux pour pouvoir simplement se poser des questions quant à la vraie nature du système
qui avait permis à l'entreprise de Raagh de se développer.
Et puis,n'avaient-ils pas tous besoin de mithril pour forger de puissantes armes et armures?

Sa milice lui était totalement dévouée et puissante.
Ses esclaves soumis mais nourris et en plutôt bonne santé.
Et sa fortune grossissait inexorablement.

Bref,la situation actuelle était sa meilleure garantie de protection.

Mais il s'ennuyait.

L'exaltation des premières années,celles où il avait commencé à ériger son mini royaume,n'existait plus.

Le bruit d'une discussion à l'entrée l'arracha à sa mélancolie.

Un garde se présentât et lui annonçât qu'un des garde-chiourme désirait lui parler d'urgence.

Et Groump s’avançât maladroitement jusqu'au maître.

Et Groump lui tint un rapport des derniers événements,naïvement et sans manifester de quelconque inquiétude quant à un éventuel accès de colère du maître.

Le front de Raagh se plissât.

Il se contentât de dire à Groump :

"Toi,...suis moi."


Fond de la mine ,zone 7

Raagh fit une entrée décidée  et au fur et à mesure de sa progression,les différente êtres présents dans la pièce reculèrent.
Et ce fut comme si les flots d'une mer s'écartaient à son passage.

Une brève halte et un rapide mouvement de tête lui permirent de soumettre d'un simple regard toute l'assemblée présente.
Déjà il s'avançait dans le couloir menant à la zone sinistrée.
Et l'ordre fusa.

"Toi,toi et vous deux, suivez moi."
"Allons voir de quoi il retourne ."

Zultor,Groump et deux orcs se dressèrent ,et se mirent à lui emboîter le pas.

La colonne progressait sans fléchir.

Ils arrivèrent à l'anfractuosité et au promontoire.

Raagh se fit sa propre idée et déjà son cerveau se mit à envisager les différents cas de figure que la situation engendrait.
Depuis longtemps déjà ,il avait réfléchi aux conséquences qu'une éventuelle évasion pourraient avoir sur son commerce,
et il savait comment réagir.
Par contre la découverte de cette rivière semi souterraine pourrait bien s'avérer fort utile.

Son regard se porta vers la droite et machinalement,il s’avançât.
Les autres suivirent.

Il approchait de la masse opaque de poussière toujours en suspension dans l'air quand la chose se produisit.

Le nuage commença imperceptiblement à s'emplir d'une lueur verdâtre qui devenait petit à petit plus intense.
Et une paire d'yeux verts  apparurent ,énormes et inquiétants.

Un mouvement de panique soudaine envahit l'assemblée.

Sans demander leur reste,les deux orcs se ruèrent vers la sortie de la galerie par laquelle ils étaient venus.

Raagh,se figeât,les sens mis en alerte et prêt à réagir à toute éventualité.
Zultor reculât et mit la main sur la garde de son épée.

Tous deux avaient compris que s'il y avait danger, la fuite ne serait pas une attitude valable à prendre.
Quoi que ce fut,la chose était déjà trop près d'eux.

Groump,quant à lui,en était encore toujours au stade de l'essai de la compréhension de la situation.
Autant dire nulle part.

Les deux orcs déboulèrent terrifiés parmi l'assemblée des curieux qui attendaient patiemment la suite des événements.
Ils narrèrent tant bien que mal ce qu'ils avaient vus.
L'angoisse arrivait à son paroxysme.
Beaucoup pensèrent à fuir,aucun à se porter au devant du trio resté sur place afin de lui porter assistance.
Et tous se mirent à prêter oreille au moindre bruit venant de devant et à attendre.

L'attente paru interminable.

Un bruit..

On aurait dit un bruit de pas.
Suivi d'autres, décidés mais légers.

Et la stature de Raagh se dessinât dans la semi obscurité du couloir.

Sa silhouette émergeât,bientôt suivie de celles de Zultor et de Groump.

Raagh se dirigeât lentement vers les deux orcs qui avaient abandonnés son escorte.

Puis ,s'adressant à Zultor et à Groump,il ordonna :
"Expliquez à ces poltrons,ce qu'implique leur devoir."

La lame de Zultor se languissait depuis trop longtemps dans son étui.
Et se fut pour elle une vraie jouissance que de trancher cette carotide et d'en voir jaillir ce sang noirâtre et encore bouillonnant d'une vie qui venait de s'achever.

Groump fut encore plus expéditif.
Il fit simple.
Être simple,voilà une bonne doctrine dans la vie.
Son coude massif s’enfonçât dans la rate du second orc qui éclatât instantannément. Il s’écroulât sans que le moindre bruit ne soit sorti de sa gorge.
Ce ne fut qu'après qu'il prit lentement sa dague et se mit à découper la calotte crânienne de sa victime et à en extirper le cerveau.
Il l’enfournât encore chaud dans sa bouche avide,et a voir son expression,le repas semblait succulent.
Le premier instant de stupeur passé,Zultor regarda la lame dégoulinante de son épée et,presque machinalement,la présentât à Groump qui s’empressant de la lécher.
Être crétin n’empêche pas d'être fin gourmet..non ,mais.
Une nouvelle amitié naquit ainsi.

Raagh prit la parole devant l'assemblée médusée.

"Chers et fidèles compagnons.
Il est temps pour nous de passer à une nouvelle étape de notre développement.
Les récents événements m'ont fait comprendre à quel point ce monde a besoin d'un nouveau maître,et vous avez la chance de faire partie de son grand projet.
De toutes façons,vous m'appartenez déjà et vous avez ici un aperçu de ce qui attend les hésitants et les faibles.
Pour leur courage  et leur,disons ....parfaite fidélité en toute circonstance,j'élève Zultor et Groump au rang de gardes personnels.
Ils seront mes bras droits et vous leur devrez obéissance.
Maintenant faites reprendre le travail.Cette zone de la mine devient interdite jusqu'à nouvel ordre.
Nous procéderons à son déblaiement en temps utiles.
Le moindre contrevenant le paiera de sa tête."

Et déjà il se dirigeât vers ses appartements,suivi de ses nouveaux adjoints.

Un témoin de la scène un peu averti aurait pu discerner comme une faible lueur verte dans les yeux de Raagh.

Par contre,tous remarquèrent ce corbeau surgi de nulle part qui vint se poser sur l'épaule du maître qui s'éloignait.







.
















Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité